Alors que les conséquences économiques de la guerre font la une un peu partout en Europe, Olivier De Ville consacre, dans cette édition, une réflexion sur les causes économiques de la guerre. En effet, que devient l’économie – toujours de jouissance –, quand elle ne la traite plus par le manque d’objet ?
Le rêve américain ne concernait d’abord que l’Occident avant de devenir un cauchemar planétaire. Les objets qui peuplaient ce rêve servaient de faire-valoir social. Ainsi, les piscines qui figurent dans le film The Swimmer n’avaient d’autre utilité que d’afficher la réussite du propriétaire. L’American Way of Life, brillamment dépeint dans ce film, aboutit pourtant à une coquille vide, comme le relève Cédric Grolleau. L’objet est perdu.
Mais l’économie de papa n’est plus. Le manque et l’agalma ont été remplacés par la pénurie et le déchet. L’invasion de nos vies par les objets en excès sous forme de gadgets n’a rien de pacifiant. Comme Rik Loose le souligne dans son texte, ces objets ne font pas symptôme, mais plutôt nous angoissent. Il semble que notre dépendance à ces objets est davantage sujette à l’angoisse que notre dépendance aux puissances autocrates qui, elles, misent sur la pénurie.
Que devient l’objet du désir dans ces conditions-là ? L’enfant en serait-il le dernier vestige ? Paloma Larena nous démontre comment l’enfant, à défaut d’opposition signifiante, devient l’objet sur lequel se centre le mode de jouissance du parent. Ce mode est un investissement, libidinal toujours, mais suivant désormais un flux, boursier à l’occasion.
Est-ce grave ? Les enfants peuvent trouver à inventer une différence signifiante. Cela ne se fera pourtant pas sans une parole qui vient nommer et tempérer les excès de jouissance, comme le signale Natacha Delaunay à propos de la littérature de jeunesse. Celle-ci a le rôle d’introduire sans gravité, mais pas sans conséquence, les questions brûlantes qui nous taraudent, tous âges confondus.
Il en va de même pour Nobodaddy.
Image : © Ateliers d’Art de La Baraque