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La Place – Anne-Marie Thomas

by PIPOL TEAM
15 juin 2023
in S’en passer, s’en servir
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© Elena Madera

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Quand il est difficile de se parler, l’écriture fait médiation.

En 1984, Annie Ernaux reçoit le Prix Renaudot pour l’un de ses textes autobiographiques La Place[1], celle de son père. Celui dont elle se dit honteuse quant à l’ascension sociale qui les a séparés. L’écriture prend huit mois, un certain temps pour trouver le ton. « J’ai commencé un roman dont il était le personnage principal »[2], « je n’ai pas le droit de prendre le parti de l’art […]. Aucune poésie du souvenir, pas de dérision jubilante. L’écriture plate me vient naturellement »[3]. Dans l’émission « Apostrophes » du 6 avril 1984, A. Ernaux dit qu’il aurait été une trahison d’écrire sur son père à la manière d’un roman. « L’écriture plate est l’écriture du constat ». « J’écris peut-être parce qu’on n’avait rien à se dire »[4]. En 2022, recevant le Prix Nobel de littérature, elle témoigne : « Il me fallait rompre avec le ‟bien écrire”, la belle phrase, […] pour extirper, exhiber et comprendre la déchirure qui me traversait. »[5]

A. Ernaux, par son écriture, décrit. Les phrases sont courtes, faisant résonner la langue paternelle, simple, rude, efficace, mais précautionneuse en société : « le patois était quelque chose de vieux et de laid, un signe d’infériorité »[6]. « Bavard au café, en famille, devant les gens qui parlaient bien il se taisait […] peur indicible du mot de travers »[7]. Voilà un père gai, blagueur, parfois grivois, aimant les jeux, le cirque, les feux d’artifice[8]. Il est en bleu de travail, a un Opinel, cultive son jardin, regarde le ciel, connaît chaque oiseau. Il a un goût pour « la culture », avec la précision d’A. Ernaux : « le travail de la terre, l’autre sens de culture, le spirituel, lui était inutile »[9].

Entre pudeur et crudité, l’émotion est discrète, fugace, juste palpable : ne pas se laisser aller !

La fierté paternelle s’entrevoit avec cette coupure de journal dans le portefeuille du défunt, celle où figure Annie, parmi les meilleures reçues à l’école normale. Il l’a poussée pour étudier, bien apprendre à l’école, « apprendre », non « travailler » ; le vrai travail est celui des mains. A. Ernaux relate une visite à la bibliothèque, à deux, puis évoque « peut-être sa plus grande fierté ou même la justification de son existence : que j’appartienne au monde qui l’avait dédaigné »[10], « l’espérance que je serais mieux que lui »[11].

Un affect est là, tout au long du texte, et dont A. Ernaux fera le titre de son ouvrage de 1997 : La Honte « devenue un mode de vie […]. À la limite, je ne la percevais même plus, elle était dans le corps même »[12].

À l’une des questions de Bernard Pivot : « Vous remboursez une dette ? », A. Ernaux répond avec certains signifiants évocateurs : réparation, réhabilitation, décrire ses gestes et postures, montrer qu’il n’y a là rien de méprisable. Un père qui « cherchait à tenir sa place »[13].

[1] Ernaux A., La Place, Paris, Folio, 2018.
[2] Ibid., p. 23.
[3] Ibid., p. 24.
[4] « La Place d’Annie Ernaux », Apostrophes, émission du 6 avril 1984, disponible sur internet : https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000001595/la-place-d-annie-ernaux.html.
[5] Ernaux A., « Conférence Nobel », disponible sur internet : https://www.nobelprize.org/prizes/literature/2022/ernaux/201000-nobel-lecture-french.
[6] Ernaux A., La Place, op. cit., p. 62.
[7] Ibid., p. 63.
[8] Cf. ibid., p. 65.
[9] Ibid., p. 34.
[10] Ibid., p. 112.
[11] Ibid., p. 74.
[12] Ernaux A., La Honte, Paris, Gallimard, 1997, p. 131.
[13] Ernaux A., La Place, op.cit., p. 45.

Image : © Elena Madera

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